C’est à Nanterre, dans l’ouest de la banlieue parisienne que Shuck2 a grandi. Gamin de quartier, il se laisse prendre comme tant d’autres par la déferlante hip hop qui inonde la génération 80.
En 1984, il a 12 ans et danse le break et le smurf devant la désormais cultissime émission de Sydney : “HIP HOP“.
Le mouvement ne s’arrête pas au rap et à la danse. Dans un contexte social où se multiplient les actions violentes des groupuscules d’extrême droite, les nouveaux codes des gangs américains s’imposent et les premières bandes anti-skinheads s’organisent. En 1987, Shuck2 , jeune boxeur du CSMP Puteaux
Pour marquer leur territoire, les noms des bandes s’inscrivent sur les murs via les premiers tags. La passion de Shuck2 pour le dessin, et l’art en général, trouve rapidement un écho évident dans ce nouveau mode d’expression.
Devenu leader des TCP (The Cobra Power) en pleine guerre des gangs, il comprend alors qu’il lui faut se soustraire de cette violence et commence à recruter des danseurs et des graffeurs. Il transforme peu à peu son gang en un crew créatif qui perdure encore aujourd’hui.
De STRIVE à SHUCK2
A la fin des années 80, dés 1988 les premiers tags “STRIVE BD“ fleurissent dans le métro parisien et sur les lignes RER de la banlieue ouest. En 1989, après une arrestation musclée, STRIVE devient SHUCK puis définitivement SHUCK TWO .
Si la découverte des graffs new-yorkais à travers les mythiques ouvrages “Spray Can Art“ et “Subway Art“ l’influencent, c’est en réalisant un travail colossal sur les rails et murs de la région parisienne qu’il impose son style aux côtés de précurseurs tels que MODE2, BANDO, BOXER, FUTURA, DARCO, CAN2, MEO, TKID, MEGATON …
En 1991, Shuck2 rejoint SINO et participe un an plus tard, avec les DUC, à la réalisation du premier wall train sur un métro parisien : en 30 minutes, une dizaine de graffeurs couvrent une rame entière, de haut en bas. Un exploit reconnu, relaté dans les pages du très prisé “Descente interdite“.
En parallèle, il participe à ses premières expositions collectives : Institut du Monde Arabe, toit de l’Arche de la Défense (avec Olivier Megaton Fontana alors co-fondateur de l’association OZONE) ; il vend une de ses premières toiles à Philippe Manoeuvre lors d’une exposition à Tignes… des références haut de gamme pour un graffeur prometteur.
Les années 2000 offrent de nouvelles opportunités à l’artiste et lui permettent d’assoir sa notoriété : Grand Palais, Palais de Tokyo, Palais de Chaillot, galerie Anna Nova de Saint Petersburg, Drouot Montaigne, Hôtel Rotschild… les références se multiplient…
En 2009 il est présenté pour sa première vente publique lors de l’événement “Vente de Graffiti Street-Art“ à La Cigale, organisé par Million Cornette de Saint-Cyr. Il est dès lors présent chaque année dans les ventes clés de l’art urbain. En 2011, il est invité à rejoindre la prestigieuse collection d’Alain-Dominique Gallizia et participe à l’exposition “L’ART DU GRAFFITI, 40 ANS DE PRESSIONISME“ au Grimaldi Forum de Monaco.
Sa production s’étoffe, son style s’affine.
Reconnu comme une figure emblématique du graffiti français, SHUCK2 s’inscrit comme une marque.
Il est le symbole d’une génération de graffeurs vandales pour qui l’adrénaline donne sa force au trait.
Chacune de ses toiles est le plus souvent la réplique exacte ou le sketch respectif d’une oeuvre originale réalisée dans la rue ; son travail et son talent sont reconnus par ses pairs tout autant que par les collectionneurs.
Le style SHUCK2
Si peindre sur train reste son terrain de jeux favori , Shuck2 privilégie aujourd’hui un travail plus personnel sur toile.
Son art réside dans son aptitude à destructurer la lettre, l’exercice reposant sur sa faculté à donner au lettrage une dimension nouvelle et percutante tout en conservant l’harmonie et l’équilibre du rendu final.
Reconnu pour être un précurseur du graffiti en arabe (ses premiers sketches datent de 1995), il explore aujourd’hui les nouvelles possibilités de cet alphabet. Les signes, matière déformable à l’extrême, au point même d’en faire un dessin, lui permettent de donner à son travail une dimension singulière. Cet exercice de calligraphie moderne sort des sentiers battus et lui offre des perspectives d’évolution qu’il explore et enrichit au cours de ses différents voyages au Moyen-Orient.
Dubai 2014, Shuck 2 est couronné par le Guinness Book of World Records pour avoir participé à la réalisation de la plus longue toile « graffée » au monde.
Il y reviendra en 2017 pour un nouveau record du plus grand pochoir sur toile au monde et réalisera à l’intention du prince héritier de Ajman la plus grande fresque Graffiti 3D des Émirats .
S’il estime qu’il faut laisser à l’artiste la liberté d’avancer et de se chercher, il reconnaît bien volontiers que paradoxalement, les contraintes d’une commande (délais, couleurs, thèmes…) lui permettent d’évoluer en travaillant à travers le regard des autres.
Fort de ses vingt-cinq années d’expériences diversifiées, Shuck2 a trouvé aujourd’hui l’équilibre entre ses créations urbaines subversives et l’étude de la lettre.